dimanche 14 août 2016

[ Marcel, professeur à Granville ] - Rencontre avec Julien Fizel, boxeur Granvillais de 93 ans

Tous les étés, je vais à Granville, et depuis deux ans, je profite de mes séjours pour marcher sur les traces du grand-père, qui fut le premier professeur du Boxing Club Granvillais, en 1942.

Et grâce à Raymond Vitard, un ancien président du BCG, j'ai pu aller à la rencontre du dernier boxeur de cette lointaine époque encore en vie : monsieur Julien Fizel. 


Julien Fizel, dédicace à Henri Hecquard
 
Julien est né en 1923 et boxait dans la catégorie des légers, où il a disputé une trentaine de combats amateurs. Il se souvient bien de l'arrivée de ce nouveau professeur : c'est "Nénesse" Durceau (?) qui l'a fait venir à l'époque. Il y avait 10-15 licenciés, tous amateurs, qui s'entraînaient comme ils pouvaient avec le dénommé Nénesse. 
 
Marcel a pris la suite, plus sérieusement, tous les jours, sauf le samedi, dans les endroits qu'il trouvait pour ses séances : garage, cidrerie, dans des sous-pentes... C'est lui qui leur a appris à sauter à la corde, "une jambe après l'autre, et non les pieds joints comme ils le faisaient tous". Et Julien se souvient très bien aussi qu"avec ses élèves, ce n'était pas un gueulard, ni un "bluffeur".

Il était très aimé par ses boxeurs, presque un copain. Mais qu'ils craignaient : un jour, Julien est dans la rue, cigarette au bec. Il aperçoit Marcel au loin qui marche dans sa direction. Vite, le jeune boxeur met sa cigarette dans sa poche. Quand Marcel arrive, il dit à Julien : "Sors ta cigarette de ta poche, tu vas faire un trou dans ton pantalon"...

Ses boxeurs ont progressé puisqu'aux championnats de Normandie, sur les 6 engagés de Granville, 4 ont remporté le titre : Jean Lambert, Paul et René Gautier (frères) et leur cousin Maurice Gautier. René était de loin le plus doué et aurait dû faire une carrière pro d'après Monsieur Fizel, mais il s'est engagé et est mort au front...
Julien Fizel, lui, a perdu lors de ce championnat contre Marcel Hulot.

Du boxeur Marcel Prilleux, Julien Fizel garde le souvenir, d'un athlète "souple comme un chat, un beau boxeur en ligne". Julien l'a vu contre Assane Diouf, à Granville, aux halles, et contre Victor Sinn, à Avranches. Marcel a arrêté les combats car il n'avait plus d'entraineur : Hardy n'était pas là, et "nous, on tenait deux rounds maximum contre lui, on était des amateurs".




Voilà, en résumé très rapide, ce que m'a raconté ce vieux monsieur de 93 ans, encore en forme. Avec gentillesse, il a accepté que je filme cette seconde rencontre (je l'avais vu en juin) et je conserve précieusement cette petite heure enregistrée dans son salon. Ce fut un moment très émouvant, et Julien a vraiment aimé raconter tout ses souvenirs. Même si "Oh tout ça, c'est vieux..."


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